Je ne sers à rien […]. Je suis incapable d’élever des porcs. Je n’ai aucune notion sur la fabrication des saucisses, des fourchettes ou des téléphones portables. Tous ces objets qui m’entourent, que j’utilise ou que je dévore, je suis incapable de comprendre leur processus de production. Si l’industrie devait s’arrêter, si les ingénieurs et techniciens spécialisés venaient à disparaître, je serais incapable d’assurer le moindre redémarrage.
Michel Houellebecq
extrait de Les Particules élémentaires, Éditions Flammarion, 1999
Sitaudis.fr : Revue off
Pierre Gondran dit Remoux, Réa par Léo Dekowski 30/03/2023
Poèmes du vide, Daniel Ziv par Dorsaf Keraani 30/03/2023
L’écrivain, comme personne de Patrick Kéchichian par Ariel Spiegler 27/03/2023
du9 : L'autre bande dessinée
BD Patrimoniale 31/03/2023
Erotique 24/03/2023
Andromeda 23/03/2023
Nous avons le plaisir de vous présenter
à l'occasion des 15 ans de la librairie
« Avant que les ombres s'effacent »
(éditions Sabine Wespieser, 2017)
une lecture-présentation de
Louis-Philippe Dalembert
en présence de son éditrice
Sabine Wespieser
le vendredi 7 décembre 2018 à 19 h à la librairie (sur réservation)
Dans le prologue de cette saga conduisant son protagoniste de la Pologne à Port-au-Prince, l’auteur rappelle le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à tous les Juifs qui en formuleraient la demande.
Avant son arrivée à Port-au-Prince à la faveur de ce décret, le docteur Ruben Schwarzberg fut de ceux dont le nazisme brisa la trajectoire. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d’Haïtiens, il a tiré un trait sur son passé. Mais quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que sa petite-cousine Deborah accourt d'Israël parmi les médecins du monde entier, il accepte de revenir sur son histoire.
Pendant toute une nuit, sous la véranda de sa maison dans les hauteurs de la capitale, le vieil homme déroule pour la jeune femme le récit des péripéties qui l’ont amené là. Au son lointain des tambours du vaudou, il raconte sa naissance à Łódź en 1913, son enfance et ses études à Berlin – où était désormais installé l'atelier de fourrure familial –, la nuit de pogrom du 9 novembre 1938 et l'intervention providentielle de l’ambassadeur d’Haïti. Son internement à Buchenwald ; son embarquement sur le Saint Louis, un navire affrété pour transporter vers Cuba un millier de demandeurs d’asile, mais refoulé vers l’Europe ; son séjour enchanteur dans le Paris de la fin des années trente, où il est recueilli par la poétesse haïtienne Ida Faubert, et, finalement, son départ vers sa nouvelle vie : le docteur Schwarzberg les relate sans pathos, avec le calme, la distance et le sens de la dérision qui lui permirent sans doute, dans la catastrophe, de saisir les mains tendues.
Avec cette fascinante évocation d'une destinée tragique dont le cours fut heureusement infléchi, Louis-Philippe Dalembert rend un hommage tendre et plein d’humour à sa terre natale, où nombre de victimes de l’histoire trouvèrent une seconde patrie.
Photo Louis-Philippe Dalembert © Laurence Lamoulie
Louis-Philippe Dalembert est né en 1962 à Port-au-Prince et vit à Paris. Il a publié depuis 1993 chez divers éditeurs, en France et en Haïti, des nouvelles (au Serpent à plumes dès 1993 : Le Songe d’une photo d’enfance), de la poésie, des essais (chez Philippe Rey/Culturesfrance en 2010, avec Lyonel Trouillot : Haïti, une traversée littéraire) et des romans (les derniers en date, au Mercure de France : Noires blessures en 2011 et Ballade d’un amour inachevé en 2013). Professeur invité dans diverses universités américaines, il a été pensionnaire de la Villa Médicis (1994-1995), écrivain en résidence à Jérusalem et à Berlin, et a été lauréat de nombreux prix dont le prix RFO en 1999, le prix Casa de las Américas en 2008 et le prix Thyde Monnier de la SGDL en 2013. Il est en ce moment même invité de l'Université libre de Berlin pour la saison 2018-2019 au titre du programme Samuel-Fischer-Gastprofessur für Literatur.
Photo Sabine Wespieser © Philippe Matsas/Leemage/Editions Sabine Wespieser
Sabine Wespieser, née en 1961, a enseigné les lettres classiques dans l'Est de la France avant d'entrer, en 1987, aux éditions Actes Sud, où elle a créé la collection Les Belles Infidèles, puis dirigé la collection de poche Babel de 1989 à 1999. En tant qu'éditrice elle y a publié, outre les titres de la collection Babel, des auteurs comme Vincent Borel, Michèle Lesbre, Muriel Cerf, Amadou Hampâté Bâ ou Joyce Mansour, tout en supervisant des collections d'essais sur le paysage, le cinéma, la musique ou la danse. En 2001 elle crée sa propre maison d'édition à l'enseigne d'une licorne, structure indépendante qui publie des textes de fiction française et étrangère à la cadence d'une dizaine de titres par an. Sabine Wespieser éditeur a publié et fait reconnaître, entre autres : Léonor de Récondo, Vincent Borel, André Bucher, Michèle Lesbre, Yanick Lahens, Diane Meur, Zahia Rahmani, Tariq Ali, Duong Thu Huong, Nuala O'Faolain, Takis Theodorópoulos, Catherine Mavrikakis, François Jonquet. Elle a obtenu le prix Femina étranger en 2006 pour L’Histoire de Chicago May de Nuala O’Faolain, le Grand Prix des lectrices de Elle en 2007 pour Terre des oublis de Duong Thu Huong, le prix Femina 2014 pour Bain de lune de Yanick Lahens, le prix des Libraires et le prix RTL/Lire 2015 pour Amours de Léonor de Récondo, ainsi que le prix France Bleu/Page des libraires et le prix Orange pour Avant que les ombres s’effacent de Louis-Philippe Dalembert.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
Nous avons le plaisir de vous présenter
à l’occasion des 15 ans de la librairie
« Décris-Ravage »
(éditions Atrabile, parution en librairie le 20 octobre 2018)
d’Adeline Rosenstein et Baladi
Une dédicace-présentation d'Alex Baladi
le samedi 20 octobre 2018 à 19 h à la librairie
(sur réservation)
Troisième volume d’une série au long cours (six volumes prévus) qui explore de façon inédite les relations Occident-Moyen-Orient, Décris-Ravage est à la base une pièce de théâtre de la mouvance « théâtre documentaire », écrite et mise en scène par Adeline Rosenstein. Mais elle est devenue, avec la complicité de Baladi, une bande dessinée à nulle autre pareille.
Dans la forme, la gageure restait de mettre en dessins une pièce de théâtre sans images ; dans le fond, il s’agissait de comprendre « comment on est arrivé là », en se basant sur divers témoignages, mais aussi des œuvres littéraires et un vrai travail de recherche historique.
Dans ce troisième volume sont abordées, entre autres choses, la guerre de Crimée, la cartographie des territoires, les premières photographies de la Palestine, la construction du fameux « mur », et celle d’un kibboutz, à travers les témoignages de ses fondateurs.
Riche, complexe et stimulant, Décris-Ravage aborde la question de la Palestine sans manichéisme ni ornières.
Bien plus qu’une simple œuvre militante, Décris-Ravage est aussi un objet artistique passionnant et nécessaire.
Adeline Rosenstein, d’origine allemande, a grandi à Genève, étudié à Jérusalem et Berlin, et travaillé entre Buenos Aires, Berlin et Bruxelles. Elle s’intéresse et se forme au jeu d’acteur et à la mise en scène tout en étudiant parallèlement l’histoire des religions et la sociologie. À l’image de Décris-Ravage, qu’elle a écrit et mis en scène, Adeline Rosenstein développe depuis plusieurs années une forme de théâtre documentaire.
Alex Baladi, résidant à Berlin, est un vieux compagnon de route des éditions Atrabile, ainsi qu’un des piliers de la scène « indé » genevoise et, plus largement, francophone. Sa bibliographie impressionnante l’a également mené chez des éditeurs comme Delcourt, L’Association ou The Hoochie Coochie.
Atrabile est une maison d’édition de bande dessinée fondée à Genève en 1997 par Maxime Pégatoquet, Daniel Pellegrino et Benoît Chevallier. Grâce à leurs relations dans le milieu artistique local, le premier numéro de leur revue Bile Noire accueille des artistes tels que Frederik Peeters, Tom Tirabosco et Ibn Al Rabin qui permettent à Atrabile de se faire progressivement connaître. Ils deviennent ensuite une maison d’édition à part entière, publiant Peeters et Tirabosco tout d’abord, puis en 2000 Jason, leur premier auteur étranger, suivi de Baladi et Pierre Wazem à partir de 2001, ou encore Manuele Fior.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
Nous avons le plaisir de vous présenter
à l'occasion des 15 ans de la librairie ZADIG
« Lèvres de pierre »
(Actes Sud, parution en librairie le 22 août 2018)
une lecture-présentation de Nancy Huston
le vendredi 24 août 2018 à 19h à la librairie
(sur réservation)
Comment et pourquoi Nancy Huston écrit-elle aujourd’hui le récit de ses années de formation en miroir de celles d’un Cambodgien de la génération de son père, venu comme elle à Paris, y étant entré en politique mais aussi en écriture avant de devenir Pol Pot, l’un des pires dictateurs du XXe siècle ? Ce livre de lucidité et d’intuitions mêlées, qui fait suite à Bad Girl, laisse au lecteur le troublant sentiment de se tenir au plus près du pouvoir des hasards qui façonnent les chemins de la création et de la destruction, les pages sanglantes de la fiction comme celles de l’histoire.
Le Cambodge, je n’y suis allée qu’une fois, début 2008. J’y avais tenu un journal… Au long des années qui ont suivi ce voyage, je ne savais que faire de mon sentiment presque absurde, et pourtant persistant, que le Cambodge me concernait. Par-delà les décennies et les continents, le « Kampuchéa démocratique » des Khmers rouges insistait, me sollicitait, m’assurait que je n’étais pas étrangère à cette histoire, et m’exhortait à l’approcher par l’écriture. Mais par quel bout prendre un thème aussi désespérément « exotique » ? Qu’avais-je à dire, moi, Blanche et bobo, citoyenne de deux grandes puissances occidentales, au sujet de ce petit pays si violemment étranger à l’autre bout du monde ? Comment me l’approprier par l’écriture, sans me sentir dans l’imposture en permanence ? Après de longs mois de changements de cap formel (roman ? essai ? récit ?) et des glissements de terrain m’ayant amenée plusieurs fois au bord du renoncement – autant d’avatars de la résistance (car, je le sais bien, un blocage qui semble lié aux aspects formels du travail reflète presque toujours la peur de toucher à certaines matières intimes et inflammables qui pourraient vous exploser à la figure…) –, j’ai repris pour la énième fois mon journal de 2008 : « 14 janvier. Les sourires du roi Jayavarman à Boyan épousent les sillons des balustres de pierre, sa tête est partout intégrée aux épaisses colonnes sombres – sur chacune de leurs côtés – il nous regarde d’en haut en souriant, face et profil, Big Brother du XIIe siècle… Lèvres de pierre, lèvres de pierre, sourire radieux mais absent, bienveillant mais vide : omniprésent, de même, sur les statues du Bouddha et toutes les photos de Pol Pot… » Soudain j’ai frémi. Je venais de tomber sur le seul Cambodgien en qui j’arriverais peut-être à me projeter : Pol Pot. Idée folle et pourtant la seule possible. Non pas Pol Pot chef d’État, mais l’enfant, l’adolescent et le jeune homme, qui s’appelait encore Saloth Sâr. Il se trouve que j’ai un pseudonyme moi aussi : Dorrit. Seulement, à l’inverse du dictateur cambodgien, je ne l’utilise que dans mes textes autobiographiques. Il n’était pas impossible que, malgré leurs dissemblances flagrantes, nos trajectoires s’éclairent l’une l’autre.
Nancy Huston
Photo Nancy Huston © Adeline Sagalyn
Née à Calgary, au Canada, Nancy Huston est l’auteur de nombreux romans et essais publiés chez Actes Sud et chez Leméac, parmi lesquels Instruments des ténèbres (1996 ; prix Goncourt des lycéens et prix du Livre Inter), L’Empreinte de l’ange (1998 ; grand prix des Lectrices de Elle), Lignes de faille (2006 ; prix Femina), Reflets dans un œil d’homme (2012), Danse noire (2013) et Bad Girl (2014).
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
Nous avons le plaisir de vous présenter
« Demi-tour »
(éditions Grasset, 2017)
une lecture-présentation d'Hélène Lenoir
le samedi 26 mai à 19 h à la librairie (sur réservation)
Une femme qu’il faut juste accueillir dans un appartement loué pour un mois, un petit groupe de réfugiés croisé sur une route de campagne près de la frontière, un vieil homme et sa jeune visiteuse riant doucement un soir d’été sur un balcon voisin, un couple de clients pas comme les autres… ils ne font que passer. Leur charme souvent inquiétant attire, blesse, séduit et déjà ils repartent, emportant leur mystère. La plupart sans se retourner. Mais ceux qui restent sentent tôt ou tard que leur bouleversante apparition les a fait pivoter sur eux-mêmes, les orientant vers un cap jusqu’alors insoupçonné ou tout simplement ignoré.
Troisième recueil de nouvelles de l'écrivain, Demi-tour est constitué de sept nouvelles dans lequel elle rompt avec le thème de la famille, son terrain d'exploration favori. Chacune de ces nouvelles décrit un moment important qui, sur un laps de temps très court, va amener le personnage à reconsidérer sa vie...
Portrait Hélène Lenoir ® JFPAGA
Hélène Lenoir est née en 1955 à Neuilly-sur-Seine et installée en Allemagne depuis 1980. Elle vit actuellement près de Francfort-sur-le-Main où elle poursuit ses activités d'écrivain et enseigne désormais l'allemand langue étrangère. De 1994 à 2013 elle a fait paraître huit romans et deux recueils de nouvelles aux éditions de Minuit. En 2015 elle publie un nouveau roman au titre sobre, Tilleul, aux éditions Grasset, puis en 2017 le nouveau recueil de nouvelles Demi-tour, renouant avec la veine de ses débuts, dans la collection littéraire de Martine Saada.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)