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Coups de cœur

Racaille de Karim Sarroub

Racaille de Karim Sarroub

Mohamed ou l’optimisme.

« C’était mon tour. » Dès les premières lignes de ce récit tout voltairien, le lecteur est convié à jeter un regard critique sur les us et coutumes algériennes, en commençant par l’initiation suprême que représente la circoncision. Or, ce que le narrateur en retint est le défilé incessant des voisins et autres parents venus rendre visite au sacrifié, telle cette jeune fille dont il aurait pu tomber amoureux mais qui, en soutenant son regard, frustrera en lui tout désir. L’histoire peut alors commencer. Le narrateur nous raconte ses errances, ses masturbations et son exil, intérieur avant d’être finalement migration volontaire. Enrôlé de force dans une société corrompue et vindicative dont il ne comprend ni les enjeux ni la logique, Mohamed sera relégué dans un asile psychiatrique d’où il finira par s’évader avant de quitter Skikda, en compagnie de son ami homosexuel Mustapha, pour rejoindre Constantine et Alger la blanche.

Le conte cruel de Karim Sarroub se clôt dans les ruelles de Marseille puis à Nancy, où une lettre de l’alphabet finira par hanter l’esprit de notre Candide musulman, malgré lui. Les hommes normaux n’existent guère, ni ici ni ailleurs. L’ironie reste toujours, de loin, l’arme la plus efficace pour combattre les préjugés et l’hypocrisie religieuse, vous ne trouvez pas ?

Olivier Rachet

Racaille, Karim Sarroub
Le Mercure de France, Paris, 2006
17,- €

Coma de Pierre Guyotat

Coma de Pierre Guyotat

L’Apocalypse selon Guyotat

Pierre Guyotat est sans aucun doute le dernier de nos écrivains, le dernier des hommes à refuser le caractère normatif de sa langue qu’il embrase depuis ce chef-d’œuvre que restera Éden, éden, éden jusqu’à Progénitures écrit dans la langue des hors-la-loi.
Le sommeil profond dans lequel l’auteur fut plongé, et qui sert de trame à ce récit, est beaucoup moins le symptôme d’une âme dépressive en lutte avec les démons de l’Histoire coloniale ou ceux, tout aussi malfaisants de la petite histoire familiale, que l’image inversée du coma dans lequel est plongé, asservissement volontaire devenu universel et globalisé, le commun des mortels.

Guyotat, le poète, rejette sa langue, maternelle et nationale ; rejette en lui l’homme pour se voir « comme nous voient les animaux », « ressentir le monde comme le ressentent l’acarien du tapis, le crabe ou la baleine ». Malheur de l’homme qui se croit encore un homme « dans un monde minéral, végétal, animal, divin ».
Dans ce récit éblouissant et cathartique, l’auteur nous offre la plus belle des transsubstantiations : celle qui commue la langue en Verbe. Aux confins de la prière et de la révolte sourde, Coma demeurera le chant désespéré de la laideur du monde.
Face à des êtres de plus en plus hantés par leur moi et prisonniers narcissico-dépressifs de leur propre image, Guyotat affirme ici merveilleux, hiératique, que le Verbe ou l’Image peuvent encore nous sauver. Viendra le temps de la Résurrection… Pauvres mortels…

Olivier Rachet

Coma, Pierre Guyotat
Le Mercure de France, Paris, 2006
23,- €

Jeune fille de Anne Wiazemsky

Jeune fille de Anne Wiazemsky

La Passion selon Bresson

Anne Wiazemsky revient, dans ce roman autobiographique, sur sa rencontre avec le cinéaste Robert Bresson et sur le tournage du film Au hasard Balthazar, pendant l’été 1965. Après avoir obtenu l’accord de son grand-père, François Mauriac, qui lui avouera son regret de ne pas faire lui-même de cinéma, la jeune fille accepte de se soumettre aux exigences et aux rituels profanes du metteur en scène.
Le tournage a lieu en banlieue parisienne, à Guyancourt. Anne partage avec le réalisateur l’étage d’une maison dans laquelle tous deux passeront l’été. Au cours de promenades nocturnes quotidiennes, Bresson, amoureux fou de son interprète, tentera à plusieurs reprises de l’embrasser. La jeune fille vient d’avoir ses dix-huit ans, le metteur en scène est un homme déjà vieillissant.

Jeune fille est beaucoup moins le récit de la genèse d’un film que celui originel d’un amour à la fois courtois, platonique et d’une sensualité pure, car Bresson est le cinéaste de l’incarnation. Au commencement, toujours est la voix, la chair même de l’âme, le mystère incarné de l’être. Anne Wiazemsky rend hommage, de façon troublante et essentielle, au génie d’un homme qui « ressemblait à un chevalier » et qui lança, par le biais de l’écriture cinématographique, un défi même à la Représentation. Alors que la jeune fille cèdera aux plaisirs furtifs et insouciants de l’adolescence, le vieil homme maintiendra intacte sa quête d’un amour synonyme de sacré, parfois aux confins du sadisme, dont ses chefs-d’œuvre témoignent encore… Dieu probablement ?

Olivier Rachet

Jeune Fille, Anne Wiazemsky
Gallimard, Paris, 2007
19,- €

Marilyn dernières séances de Michel Schneider – Prix Interallié 2006

Marilyn dernières séances de Michel Schneider – Prix Interallié 2006

Memento mori

Los Angeles, 2005/2006. Le journaliste Forger Backwright enquête sur les dernières années de Marilyn Monroe et notamment sur la relation passionnelle qu'elle entretint, deux années durant, avec son psychanalyste Ralph Greenson. La pièce maîtresse du jeu qui se tisse entre ces deux êtres sont les bandes sonores que l'actrice enregistre à la fin de sa vie afin de surseoir aux séances peu orthodoxes de celui qui l'accueillait au sein de sa propre famille, en pensant lui offrir le foyer de substitution auquel Marilyn n'avait cessé d'échapper.

Faire entendre la voix de celle dont le drame fut de ne pas avoir pu coïncider avec sa propre image relève ici d'une forme de salut, moins de la psychanalyse dont l'auteur nous rappelle à juste titre qu'elle est née avec le cinéma - chambre obscure où le médecin enregistre les images que le patient fait naître de sa propre parole - que du cinématographe lui-même, c'est-à-dire de l'écriture. Marilyn n'est pas seulement morte en suicidée du spectacle, son image répercutée aujourd'hui jusqu'à cette nouvelle forme de nausée qu'est devenu le mythe hollywoodien, va disparaître au profit d'une voix que l'écriture seule peut arriver à nous faire entendre : "Le jeu d'échecs me passionne parce qu'on ne sait qu'au dernier coup quelle partie se jouait.", "Ce n'était pas ma robe qui était une peau, mais ma peau qui était et reste un vêtement de chair, ma peau qui me sert à n'être pas nue". Marilyn dernières séances est le drame d'une icône dont les mots se sont perdus dans la réflection perpétuelle de son propre reflet. A l'ère du spectaculaire intégré, nous sommes tous cette femme fantômatique dont la vie ne fut qu'une longue suite de faux raccords. A son image, souviens-toi, lecteur, que le reflet de toi, dans le miroir ou dans le temps, va mourir mais que ta voix est immortelle.

Olivier Rachet

Marilyn dernières séances, Michel Schneider
Grasset, Paris, 2006
25,- €

Page 12/19
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