Le conteur primordial mobilise déjà l’incertitude épique de Cervantès ; les distorsions du réel de Kafka ; les touffeurs langagières de James Joyce ; le majestueux détour de Faulkner autour d’une damnation originelle... Et, je ne veux pas vous faire de la peine, mais il m’est arrivé d’imaginer, à l’écoute de nos vieux contes, que ce cher Rabelais, ce père du langage, ce surgissement d’une catastrophe esthétique extrême, venait très certainement d’une plantation martiniquaise. Je crois que Rabelais est un conteur créole.
Patrick Chamoiseau
Discours inaugural de la Chaire d’écrivain en résidence, Sciences Po Paris, 27/01/2020
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Nous avons le plaisir de vous présenter
« Les Amnésiques »
(Éditions Flammarion, 2017)
de et par Géraldine Schwarz
Une lecture-présentation le samedi 20 janvier 2018 à 19 h à la librairie
(sur réservation)
Dans la ville allemande de Mannheim d’où est originaire son père, Géraldine Schwarz découvre que son grand-père Karl Schwarz a acheté en 1938 une entreprise à des juifs, les Löbmann, qui ont péri à Auschwitz par la suite. Après la guerre, confronté à un héritier qui réclame réparation, Karl Schwarz plonge dans le déni de ses responsabilités de Mitläufer, ceux qui, comme la majorité du peuple allemand, ont « marché avec le courant ».
Tel est le point de départ d’un témoignage poignant, au fil de trois générations, sur les traces du travail de mémoire qui a permis à l’Allemagne de passer d'une dictature à une démocratie. Au cœur de cette mutation figure un long combat pour substituer à la mentalité de Mitläufer, guidée par la lâcheté et le confort, la conscience d'une responsabilité morale individuelle.
La rencontre de son père avec sa mère – une Française fille d'un gendarme sous Vichy – est l’occasion pour l’auteure d'aborder le travail de mémoire en France, dont les failles ont bénéficié à l'extrême droite : le long refus d’assumer l’héritage de Vichy est un obstacle à la responsabilisation du peuple français quant à son attitude passée sous la dictature.
Élargissant son récit au temps présent, Géraldine Schwarz montre que cette amnésie gagne l’ensemble de l’Europe et menace aujourd’hui le consensus moral construit autour du rejet du fascisme, ceci jusqu'en Allemagne où l’émergence inédite de l’extrême droite depuis l’après-guerre pose la question d'un travail de mémoire effectué de manière défaillante en RDA.
Géraldine Schwarz par Astrid di Crollalanza © Flammarion
Géraldine Schwarz est une journaliste franco-allemande et une réalisatrice de documentaires vivant à Berlin. Ancienne correspondante de l’AFP, elle collabore entre autres avec des médias internationaux, avec Le Monde, M et Arte en France, et des émissions politiques de la télévision allemande. Elle enquête depuis quelques années dans les archives des services secrets allemands BND.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
Lecture programmée dans le cadre
de la 2e édition de la Nuit de la lecture
organisée le 20 janvier 2018
dans les bibliothèques et les librairies
de France et de la francophonie.
Nous avons le plaisir de vous présenter
« JOURNAL BERLINOIS 1973-1974 »
(Éditions Zoé, 2016)
et
« LE PUBLIC COMME PARTENAIRE »
(Éditions d’en bas, 2017)
Une lecture-présentation des œuvres de Max Frisch animée par les traducteurs Camille Luscher et Antonin Wiser
le samedi 2 décembre 2017 à 19 h à la librairie
(sur réservation)
Photo Jack Metzger - ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv
L’écrivain suisse Max Frisch devint une figure publique avec le succès de Stiller (1954) et Homo Faber (1957). Pris dans une tension entre la responsabilité morale liée à la portée nouvelle de sa parole et les exigences esthétiques du travail d’écriture, il coucha ses réflexions personnelles dans son journal (Journal Berlinois 1973-1974), où l’on découvrit un écrivain traversé par les découragements comme les enthousiasmes, mais aussi dans ses interventions publiques (Le public comme partenaire) où il ne cessa d’interroger, en héritier critique de Brecht, la question de l’engagement de l’écrivain.
Max Frisch, Journal Berlinois 1973-1974, traduction de Camille Luscher, éditions Zoé, 2016
En janvier 1973, Max Frisch emménage à Berlin-Ouest. Il y retrouve d’autres écrivains parmi les plus importants de l’Allemagne de l’après-guerre : Uwe Johnson, Günter Grass. Aux portraits qu’il brosse de ces nouveaux voisins, Frisch ajoute ceux de Christa Wolf et d’autres écrivains qu’il rencontre régulièrement à Berlin-Est, car il profite de son séjour en Allemagne pour ausculter avec une vive curiosité les rapports politiques et sociaux en RDA, et les révéler de l’intérieur sans jamais oublier sa position d’observateur privilégié. La subtilité de ces analyses confère au Journal berlinois l’intérêt d’un témoignage historique. Entremêlées de réflexions d’une surprenante actualité sur le quotidien de l’écrivain, son rôle dans la société, les liens d’amitié ou de travail et les attentes qu’ils suscitent, et ponctuées de brefs passages narratifs, elles témoignent du talent d’un auteur soucieux de trouver la forme d’expression la plus juste et d’accéder, par l’écriture, à une meilleure perception du monde et de lui-même.
Max Frisch, Le public comme partenaire, traduction d’Antonin Wiser, éditions d’en bas, 2017
« Aucun écrivain, me semble-t-il, n’écrit pour les étoiles, tout aussi peu pour le public, mais il écrit pour lui-même », notait Max Frisch en 1958. Pourtant, le succès de ses romans Stiller et Homo Faber a fait soudain exister ce public comme une réalité pressante, qui l’arracha à la solitude de son travail et le convoqua à s’exprimer en des occasions aussi diverses qu’une foire du livre, un congrès, une remise de prix littéraire ou une fête nationale. Dans chacune de ces interventions on lit le souci d’un auteur partagé entre la responsabilité de sa parole publique et la fidélité à ses engagements esthétiques. Frisch y interroge la véritable nature de l’engagement de l’écrivain tout en écornant au passage, avec l’ironie mordante qu’on lui connaît, les certitudes, les mythes et les angoisses crispées de ses contemporains. Entrer avec lui dans un partenariat critique, voilà ce que Max Frisch propose à ses lectrices et lecteurs tout au long des dix textes de ce recueil.
Max Frisch est né en 1911 à Zurich. Après des études de littérature puis d’architecture, il mènera de front son métier d’architecte et son activité d’écrivain, avant de se consacrer entièrement à l’écriture à partir de 1955. Ses journaux, ses romans et ses pièces de théâtre font de lui dès les années cinquante une figure majeure de la littérature de langue allemande. Son œuvre a été couronnée de nombreuses récompenses, dont le prix Georg-Büchner en 1958. Il est mort à Zurich le 4 avril 1991.
Photo Antonin Wiser - DR
Antonin Wiser est docteur en études germaniques (université de Paris-Sorbonne) et en littérature française (université de Lausanne). Il est l’auteur de plusieurs traductions à partir de l’allemand et de l’anglais, dont : Theodor W. Adorno, Amorbach et autres fragments autobiographiques, paru en 2016 aux éditions Allia (Paris). Il a également publié, en 2014, l’ouvrage Vers une langue sans terre. Adorno et l’utopie de la littérature, paru aux Éditions de la Maison des sciences de l’homme (Paris). Il vit et travaille à Berlin et Lausanne.
Camille Luscher © Bruno Blume
Camille Luscher, née en 1987 à Genève, vit aujourd’hui à Lausanne, après des séjours répétés à Berlin et à Berne. Suite à des études de langues et littératures française et allemande, elle fait un Master CAP (Contemporary Art Practice) à la Haute école d’art de Berne. Elle traduit principalement des auteurs suisses, et publie régulièrement ses traductions dans des revues et journaux (Le Courrier, Viceversa Littérature). Elle travaille en parallèle au Centre de Traduction Littéraire de Lausanne et collabore à différents festivals et manifestations littéraires. Camille Luscher est membre de l’Association des Autrices et Auteurs de Suisse (AdS).
Avec l’aimable soutien de Pro Helvetia
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
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« Une nuit en Tunisie »
(éditions du Seuil, 2017)
Une lecture
de Fabrice Gabriel
le samedi 18 novembre 2017 à 19 h à la librairie (sur réservation)
Fabrice Gabriel © Anja Meyer
A Night in Tunisia (« Une nuit en Tunisie ») est un standard de jazz composé par Dizzy Gillespie en 1942. D’innombrables musiciens en ont donné leur version, parmi lesquels le pianiste Bud Powell, génie véloce et malade, tabassé par la police new-yorkaise et rendu fou par les électrochocs qui devaient le soigner.
C’est justement un vieil enregistrement de Bud Powell qu’écoute le jeune Janvier, en voiture, lorsqu’il arrive à Sidi Bouzid, au centre de la Tunisie, à l’automne de l’année 1990. Personne alors ne connaît cette petite ville agricole où débuteront, exactement vingt ans plus tard, ce qu’il est convenu d’appeler « les printemps arabes ». C’est là, en effet, devant le siège du gouvernorat, le 17 décembre 2010, qu’un petit marchand des quatre-saisons s’immole par le feu, désespéré d’être sans avenir. La révolution tunisienne vient de commencer. La jeunesse de Janvier, elle, est depuis longtemps passée.
Une nuit en Tunisie raconte cette jeunesse lointaine, à travers la parenthèse d’un service militaire de quelques mois, dans un monde aux portes du désert, où se lisent les souvenirs de conflits anciens et la menace d’une guerre nouvelle, qui sera celle du Golfe, après l’invasion du Koweït par l’Irak.
Fabrice Gabriel a publié trois livres aux éditions du Seuil, dans la collection « Fiction & cie » : Fuir les forêts (2006), Norfolk (2010), Une nuit en Tunisie (2017). Il est également l’auteur d’un essai sur le peintre Jean Fautrier (L’homme ouvert, 2002) et de textes divers pour des revues et catalogues d’exposition. Il a longtemps travaillé comme critique littéraire, pour les Inrockuptibles et à la radio (en particulier à France Inter). Né à la frontière allemande, il a vécu à Paris, puis à New York, et réside désormais à Berlin. Ses romans, qui se reconnaissent à leur écriture très personnelle, se nourrissent volontiers de références aux artistes, peintres ou écrivains qu’il aime. Ni autofictions, ni récits traditionnels, ils racontent d’une façon singulière une commune expérience du temps, et de la vie.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)
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De plomb et d’encre
Une lecture-discussion
par Mathieu Riboulet & Alban Lefranc
autour de leurs livres
Entre les deux il n’y a rien (Verdier, 2015)
et
Si les bouches se ferment (Verticales, 2014)
à l’occasion de la parution en allemand du livre de Mathieu Riboulet sous le titre Und dazwischen nichts (Matthes & Seitz Berlin, 2017, traduction de Karin Uttendörfer).
le samedi 15 juillet 2017
à 19 h à la librairie (sur réservation)
Mathieu Riboulet © Ghila Krajzman
Tout est plié fin 1977 en Allemagne avec la mort des prisonniers de Stammheim, celle du patron ex-SS Hans-Martin Schleyer retrouvé dans le coffre d’une voiture à Colmar, France, le détournement sanglant de Mogadiscio. Cela ne signifie pas que les esprits se sont arrêtés de penser, les corps d’agir, les rêves de s’enrager, mais c’est plié. L’horrible recul que l’histoire nous oblige à prendre dicte ces mots : c’est plié, c’est-à-dire perdu.
(Entre les deux il n’y a rien, Mathieu Riboulet, Verdier)
Le policier porte le masque / Et l’institutrice et le juge / Mais le facteur aussi / Et la boulangère d’une certaine façon/ Et tous ceux qui font profession de parler dans les conditions existantes / Allez-vous soulever tous les masques / Avec votre étincelle ?
(Si les bouches se ferment, Alban Lefranc, Verticales)
Fraction Armée rouge en République Fédérale Allemande, Brigades rouges en Italie : Mathieu Riboulet et Alban Lefranc reviennent sur ces années dites « de plomb ».
Tentatives de dressage, tentatives de sauvetage, exultation et répression : des corps jeunes ont été vivants. Qu’en reste-t-il ?
Ceci peut-être, que l’obéissance est morte.
Alban Lefranc © Tina Merandon
Mathieu Riboulet, né en 1960 en région parisienne, vit et travaille à Paris et dans la Creuse. Après des études de cinéma et lettres modernes à Paris III, il réalise pendant une dizaine d’années des films de fiction et documentaires autoproduits en vidéo, puis il se consacre à l’écriture. Il a publié plusieurs ouvrages chez Maurice Nadeau, Gallimard et Verdier.
Alban Lefranc, né en avril 1975 à Caen, vit à Paris après avoir longtemps vécu en Allemagne (Berlin, Dresde, Bonn). Fondateur en 2002 de la revue franco-allemande La mer gelée, traducteur de Peter Weiss et auteur de plusieurs ouvrages notamment chez Rivages et Verticales, il collabore aussi à de nombreuses revues.
Entrée : 4 €/tarif réduit 3 €
(Sur réservation)