Je ne sers à rien […]. Je suis incapable d’élever des porcs. Je n’ai aucune notion sur la fabrication des saucisses, des fourchettes ou des téléphones portables. Tous ces objets qui m’entourent, que j’utilise ou que je dévore, je suis incapable de comprendre leur processus de production. Si l’industrie devait s’arrêter, si les ingénieurs et techniciens spécialisés venaient à disparaître, je serais incapable d’assurer le moindre redémarrage.
Michel Houellebecq
extrait de Les Particules élémentaires, Éditions Flammarion, 1999
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Né en 1945, Pierre Michon a étudié les lettres modernes à Clermont-Ferrand. Il publie à 37 ans son premier livre, Vies minuscules, pour lequel il obtient le Prix France Culture en 1984. Pierre Michon est aujourd'hui reconnu comme l'un des auteurs français contemporains les plus marquants. Ses ouvrages sont traduits dans de nombreux pays, par exemple en Allemagne, en Italie, en Roumanie, aux Etats-Unis et au Mexique.
"Je lis des romans, beaucoup. Mais c'est une chose dont on peut décomposer les ficelles, dont on voit les tenants et les aboutissants à moins qu'on ne soit un de ces grands noms du roman comme Faulkner. Dans ce siècle, il y a aussi Proust, à moindre titre. Ce sont des gens qui tiennent en trois cents pages ce que je suis capable de faire en cinquante pages. Pour le reste, ce sont des fabriques, des fabriques agréables car il faut bien lire et s'endormir - on a le choix entre un Lexomil et un bouquin mais on voit bien que tout cela a été fabriqué pour que les bons badauds du journalisme disent que ce roman a été impeccablement composé avec un début, une chute, etc., éléments qui sont rebattus depuis toujours. Dès Cervantes, la structure du roman est rebattue. Maintenant, il n'y a rien de plus facile à faire mais il y a plein de gens qui se réclament de cette structure molle en disant : "Le roman, on peut tout y mettre, sans forcer." Pour pousser plus avant dans cette entreprise de démolition..."
Citation de Pierre Michon extraite de la "Revue parlée", entretien avec Marianne Alphant (28 mars 1996, Centre Georges Pompidou, Paris).
Débat-lecture à 20h00 au Literarisches Colloquium Berlin, avec l'auteur Anne Weber et animé par Sibylle Cramer.